La bonne nouvelle c’est que ta vie est sûrement différente de ce que tu penses. Malheureusement, c’est aussi la mauvaise nouvelle. Il y a un passage de “Thinking Fast & Slow” de Daniel Kahneman que j’avais surligné il y a des années et qui m’est réapparu ce matin :
“La confiance des personnes en leurs croyances n’est pas une mesure de la qualité de la preuve, mais de la cohérence de l’histoire que leur esprit a veillé à construire”.
Pour autant, les outils qui ont participé à cette construction ne sont pas uniquement nos expériences, espoirs, peurs et désires. Non. Il se passe des choses au sein de notre esprit assez étonnantes! Certains mécanismes psychologiques nous empêchent littéralement de voir la réalité telle qu’elle est, et ces mécanismes s’appellent les biais cognitifs.
Comme le dit le psychologue David McRaney, les recherches des 100 dernières années montrent à quel point nous sommes incapables de percevoir la réalité telle qu’elle est. Et qu’en dépit de ça, quand il s’agit d’évaluer notre manière de penser et nos sentiments, nous sommes chacun persuadés qu’ils sont parfaitement objectifs. En réalité, tout ce qui t’est arrivé n’est arrivé qu’à toi.
Alors quels sont ces biais qui nous gouvernent sournoisement ?
Il en existe des centaines, nous allons ici aborder les 8 plus courants, mais avant ça j’ai une dernière chose à te partager : il semblerait que rien ne prouve que chacun d’entre nous ne créé pas ses propres biais, en fonction de sa perception personnelle (en plus de tous ceux déjà identifiés scientifiquement).
1. Projection
Parce que ta seule expérience du monde est celle qui se fait au travers de tes sens et de ta psyché, tu projètes inévitablement tes propres préférences et attentes sur ce que tu vois, et interprètes le résultat en fonction. Pour simplifier, le monde n’est pas tel qu’il est, il est tel qu’on est. Les “Je n’ai pas confiance en moi” et autres “la situation actuelle est mauvaise” deviennent des prophéties auto-réalisatrices. On suppose que les autres penses de la même manière que nous parce que notre dialogue interne et nos process mentaux sont les seuls que nous connaissons.
2. Extrapolation
L’extrapolation c’est ce qui arrive quand on prend le moment dans lequel on est actuellement et qu’on le projette comme une circonstance générale de notre vie. “Ça n’arrive toujours qu’à moi ça !”. On suppose que ces circonstances “signifient” quelque chose à notre égard, et d’un coup, nous nous mettons à penser qu’elles sont vraies - d’où ce sentiment que la tragédie ou la douleur ne cessera jamais, et que le bonheur est fugace (ce qui est un sacré piège car en ayant peur que notre bonheur ne dure pas éternellement, nous le perdons rapidement - et en ayant peur que le deuil dure éternellement, nous le faisons durer).
3. Ancrage
Nous devenons trop influencé par la première information que nous entendons à un sujet. Par exemple, notre vision du monde tend à être très proche de celle que nous ont décrit nos parents. Lors d’une négociation, la première personne qui annonce un prix créé une “échelle des possibles”. Si vous lancez un nouveau produit sur le marché, vous allez avoir tendance à regarder le prix des 3 principaux concurrents et supposer que c’est ce qui est possible pour vous, simplement car vous avez fait face à un cadre de référence.
4. Négativité
Celui-là sera sûrement celui qui te parlera le plus. Notre capacité infinie à remarquer tout ce qui ne va pas plutôt que ce qui va bien. Et ce n’est pas parce que nous avons un problème. C’est plutôt parce que notre attention est sélective et nous percevons les informations négatives car elles nous paraissent plus importantes et profondes pour notre survie. Certains psychologues avancent aussi que l’essence de ce biais est le mystérieux. Lorsque nous ne comprenons pas le sens derrière un évènement négatif dans un sens existentiel, nous devenons littéralement fasciné par celui-ci.
5. Conservatisme
Il ressemble au biais d’ancrage et il est différent. Le biais de conservatisme est le fait de s’accrocher à des croyances déjà ancrées en nous au détriment d’informations nouvelles, même si ces informations sont plus justes ou utiles. Ce biais est à double tranchant chez les entrepreneurs, ce qui les fait évoluer dans un paradoxe : être totalement entêté par son idée tout en écoutant objectivement les feed-backs qui lui parviennent sans se laisser déstabiliser facilement.
6. Illusion des séries
C’est quand tu commences à voir des schémas répétitifs dans des évènements aléatoires car tu l’as inconsciemment décidé. C’est ce qui se passe quand tu vois partout la voiture que tu désires ou que tu as tendance à remarquer facilement les personnes habillées en rouge car tu es habillé en rouge. En réalité tu crées ces schémas qui semblerait totalement aléatoire aux yeux des autres, simplement car tu cherches à confirmer quelque chose. “j’ai de la chance en ce moment” vs “en ce moment c’est la lose”.
7. Confirmation
Et c’est ce qui nous mène au biais de confirmation, qui est l’un des plus connus. Nous avons tendance à écouter et sélectionner parmi les informations qui nous sont présentées celles qui viennent confirmer ou prouver une idée préconçue dans notre esprit. C’est notre manière d’isoler mentalement notre vision du monde. C’est également ainsi que nous validons notre propre valeur à nos yeux. “Je mérite cette issue positive/négative parce que [blank]” ; “Je savais depuis le début que je ne devais pas lui confier cette tâche”. Nous confirmons ce que nous pensons initialement vrai (alors que ça peut être faux).
8. Soutien du choix
Lorsque nous “choisissons” quelque chose nous avons plus tendance à le voir de manière positive en dépit de ses défauts qu’une autre chose que nous n’avons pas choisi nous-même. C’est pourquoi il est si important pour nous d’être autonome dans nos décisions. C’est pourquoi dans un monde où les grandes entreprises ont supprimé ce sentiment d’autonomie la plupart d’entre nous fuyons vers l’entrepreneuriat /solopreneuriat ou le freelance. Car en choisissant ce qui nous fait nous sentir libre et responsable, nous allons nous y accrocher sur le long terme et nous investir férocement.
J’espère que cette lecture t’a appris 2,3 trucs, et en attendant je te dis à la semaine prochaine ici ou à tout de suite dans mon podcast (check le dernier épisode ici).
À très vite,
Quentin 🤟🏻🧨
Quentin Viard
Coach et auteur de Comment changer - Apprenez comment embrasser le changement
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